INDONÉSIE • Une pierre pour l'éternité
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INDONÉSIE • Une pierre pour l'éternité
Sur l'île de Sumba, les plus aisés font encore installer près de leur demeure d'énormes mégalithes qui, le jour venu, abriteront leur dépouille. Un reportage du quotidien indonésien Kompas.
Perché au sommet de la pierre tombale, le monteur de pierre ne cesse de hurler Hutaya ! [courage]. Mètre après mètre, la pierre de 12 tonnes (!) progresse, tirée par plus d'un millier d'hommes agrippés à une dizaine de cordes (!!!). Aujourd'hui se déroule le rituel du déplacement de la pierre qui deviendra le tombeau de deux villageois, Umbu Redha Amabuni, 80 ans, et sa femme.
Des cris de joie retentissent dans tout le village de Malinjak, dans le centre de l'île de Sumba : la pierre, qui mesure 1,40 m de haut, a été tirée sur les 2,2 kilomètres qui séparent son lieu d'extraction de la maison du vieux couple. Au cours de ce rituel, le rôle du monteur est déterminant. C'est lui qui ouvre la voie en hurlant sans cesse hutaya. Il est le guide et le principal garant du bon déroulement de l'opération. Il doit être capable d'insuffler une puissante énergie à la foule des tireurs de pierre. Le futur tombeau est posé sur deux madriers dont les extrémités sont attachées en forme de bateau ; l'ensemble est roulé sur des rondins, déplacés au fur et à mesure jusqu'au lieu d'érection du tombeau.
Ce rituel est une manière de faire valoir son statut social, car seules les personnes les plus aisées peuvent se l'offrir. Lorsque Umbu Redha Amabuni et son épouse décéderont, la partie supérieure de la pierre tombale sera creusée de deux trous dans lesquels les corps seront glissés, les pieds repliés contre la poitrine et attachés avec une étoffe rouge, dans la même position que le fœtus dans le ventre de sa mère, symbole de pureté. La mort est en effet perçue comme le retour à l'état de pureté de la naissance.
La plupart des habitants de Sumba préparent leur tombe de leur vivant. Cela leur procure une certaine fierté et un sentiment de sécurité. Chaque village traditionnel possède des pierres tombales disposées devant chaque maison. Les vivants ne veulent pas s'éloigner des membres de leur famille décédés, même si ceux-ci se trouvent désormais dans l'au-delà. Bien que beaucoup d'habitants de Sumba soient convertis au protestantisme, ils continuent à vénérer ainsi les ancêtres. Ils déposent du bétel et d'autres offrandes sur les tombes de leur famille à des occasions précises – au début de la moisson du riz, lorsqu'ils font un vœu ou qu'ils construisent ou rénovent leur maison. Dans l'ouest de Sumba, tous ces tombeaux sont communautaires et destinés à accueillir le corps des grands-parents et de leurs petits-enfants. Le corps des enfants ne doit pas être enterré avec ceux de leurs parents, de même que, de son vivant, un enfant adulte marié ne doit pas dormir dans la même chambre que ses parents.
Nous sommes là replongés dans la préhistoire. Ces tombeaux remontent en effet au jeune âge de la culture mégalithique qui s'est développée en Indonésie vers le début de l'ère chrétienne. Ils sont liés au culte marapu, encore très observé par un grand nombre d'habitants de Sumba : la vénération des âmes des ancêtres et la croyance selon laquelle ces esprits ancestraux sont le médium entre les vivants et le Créateur. D'où la nécessité de dresser de tels tombeaux. A la fin du rituel, tous les villageois qui ont participé au déplacement de la pierre reçoivent des quartiers de viande destinés symboliquement à nettoyer les plaies de leurs mains provoquées par leur dur labeur. Cette distribution est faite par les membres de la famille d'Umbu Redha Amabuni afin de remercier chaque personne qui a participé au rituel de l'érection de la pierre tombale.
Perché au sommet de la pierre tombale, le monteur de pierre ne cesse de hurler Hutaya ! [courage]. Mètre après mètre, la pierre de 12 tonnes (!) progresse, tirée par plus d'un millier d'hommes agrippés à une dizaine de cordes (!!!). Aujourd'hui se déroule le rituel du déplacement de la pierre qui deviendra le tombeau de deux villageois, Umbu Redha Amabuni, 80 ans, et sa femme.
Des cris de joie retentissent dans tout le village de Malinjak, dans le centre de l'île de Sumba : la pierre, qui mesure 1,40 m de haut, a été tirée sur les 2,2 kilomètres qui séparent son lieu d'extraction de la maison du vieux couple. Au cours de ce rituel, le rôle du monteur est déterminant. C'est lui qui ouvre la voie en hurlant sans cesse hutaya. Il est le guide et le principal garant du bon déroulement de l'opération. Il doit être capable d'insuffler une puissante énergie à la foule des tireurs de pierre. Le futur tombeau est posé sur deux madriers dont les extrémités sont attachées en forme de bateau ; l'ensemble est roulé sur des rondins, déplacés au fur et à mesure jusqu'au lieu d'érection du tombeau.
Ce rituel est une manière de faire valoir son statut social, car seules les personnes les plus aisées peuvent se l'offrir. Lorsque Umbu Redha Amabuni et son épouse décéderont, la partie supérieure de la pierre tombale sera creusée de deux trous dans lesquels les corps seront glissés, les pieds repliés contre la poitrine et attachés avec une étoffe rouge, dans la même position que le fœtus dans le ventre de sa mère, symbole de pureté. La mort est en effet perçue comme le retour à l'état de pureté de la naissance.
La plupart des habitants de Sumba préparent leur tombe de leur vivant. Cela leur procure une certaine fierté et un sentiment de sécurité. Chaque village traditionnel possède des pierres tombales disposées devant chaque maison. Les vivants ne veulent pas s'éloigner des membres de leur famille décédés, même si ceux-ci se trouvent désormais dans l'au-delà. Bien que beaucoup d'habitants de Sumba soient convertis au protestantisme, ils continuent à vénérer ainsi les ancêtres. Ils déposent du bétel et d'autres offrandes sur les tombes de leur famille à des occasions précises – au début de la moisson du riz, lorsqu'ils font un vœu ou qu'ils construisent ou rénovent leur maison. Dans l'ouest de Sumba, tous ces tombeaux sont communautaires et destinés à accueillir le corps des grands-parents et de leurs petits-enfants. Le corps des enfants ne doit pas être enterré avec ceux de leurs parents, de même que, de son vivant, un enfant adulte marié ne doit pas dormir dans la même chambre que ses parents.
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Retno Handini
Kompas
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