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Quand Chirac tirait la chasse...

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Quand Chirac tirait la chasse... Empty Quand Chirac tirait la chasse...

Message par Alca//122 Lun 9 Juin 2008 - 15:42


Chirac : une anecdote et puis s'en va
« Quand Chirac tirait la chasse »

Quand Chirac tirait la chasse... Arton5186

Entretien avec Jean-François Probst

Au moment où il refile les clefs de l'Elysée à Nicolas Sarkozy, on se demande quoi retenir de Jacques Chirac. Caisse noire dans les WC de la Mairie de Paris, concours de biftons en Nouvelle Calédonie... nous répond Jean-François Probst, auteur du best seller « Chirac, mon ami de trente ans » (Denoël). Il nous révèle pourquoi l’argent en politique n’a pas d’odeur, surtout quand il sort des toilettes.


Jean-François Probst, vous avez été le collaborateur de Jacques Chirac pendant trente ans. Quelle anecdote vous a le plus marqué ?

C’était en 1985, un dimanche après midi vers 15h, à l’Hôtel de Ville de la Mairie de Paris. Chirac travaillait à son bureau dans un survêtement bleu à trois bandes et des mules. Je me souviens de ce détail parce qu’on lui voyait les élastiques du pantalon qui pendaient derrière comme une mémère qui aurait enlevé ses jarretelles. Ce jour-là, Chirac m’a remis en liquide 500 000 francs de l’époque qu’il est allé chercher dans ses toilettes.

Pourquoi dans les toilettes ?

Parce que dans ses toilettes, il y avait un vieux coffre fort Fichet posé à même le sol qui devait dater de l’avant guerre, du temps où la Préfecture du Paris avait ses quartiers à la Mairie. Chirac ouvre donc la porte des sanitaires et tire la chasse d’eau tout en faisant la combinaison du coffre.

Quand Chirac tirait la chasse... Jean-francois-probts

Il faisait deux choses en même temps ?


Justement non. Ce qui m’a un peu intrigué. Puis j’ai pensé qu’il tirait la chasse probablement pour couvrir le cliquetis de la combinaison. Prudence toute corrézienne !

Et après ?


Il revient vers moi avec une petite sacoche. Je la range, un peu maladroitement, dans un sac de sport. Et ne sachant quoi dire, lui lance : « Je vous signe un reçu Monsieur le Premier Ministre ?_ Sûrement pas, me répond-il en me raccompagnant à la porte. Avant d’ajouter : Tu as bien compris ? On est au courant de rien... »

Cet argent, ç’était pour quoi faire ?


A l’époque, la Nouvelle Calédonie commençait à s’embraser et j’étais secrétaire général du groupe RPR au Sénat. Nous avions décidé d’aider notre ami Dick Ukeiwé, sénateur d’origine canaque et président du gouvernement du territoire, qui luttait contre les indépendantistes. Je l’avais déjà emmené aux Nations Unies et à Washington pour une conférence de presse.
Puis, après avoir passé avec lui deux mois à Nouméa pour évaluer les besoins, j’avais dit à Pasqua et surtout à Chirac qu’il fallait envoyer sur place un directeur de cabinet pour Dick (Ukeiwé, NDLR) - le genre fonctionnaire qui sache négocier avec l’administration - et six mecs un peu Cobra-Casablanca pour se cacher derrière les cocotiers. Nous avions calculé qu’il leur fallait 500 000 francs, mais Jacques Lafleur, le patron du RPR local (RPCR : Rassemblement pour la Nouvelle Calédonie dans la République), pourtant richissime, ne voulait pas financer l’opération. Charles Pasqua avait fini par appeler Chirac et lui demander à mots couverts de l’argent pour aider Dick.

Les mecs un peu « Cobra-Casablanca » dont vous parlez, c’étaient des mercenaires ?

Pas du tout. C’étaient de bons et solides fonctionnaires : des gendarmes du GIGN qui partaient en mission pour la France et à qui on donnait les moyens de se loger et de se nourrir – ce qui est quand même la moindre des choses – mais aussi de danser un peu le soir la pachanga. Quelques heures avant leur départ pour Nouméa, je leur ai remis dans un Hôtel de la rue Vivienne les 500 000 francs dans un sac de sport. Et puis, ils ont pris leur avion.

Un demi million de francs de l’époque- presque 300 000 euros d’aujourd’hui - pour six fonctionnaires en voyage. Ca fait cher des faux frais non ?

Bah oui... Mais il faut partir pendant six mois. Et puis vous ne vous rendez pas compte, il y a tout ce qui va autour : le matos, tout ça.

Qui gérait le budget de ce genre de choses ?


Personne.

Vous n’aviez aucun contrôle sur ce que dépensaient les gendarmes à Nouméa ?

Oh non, l’ambiance c’est vraiment : « Roger, on a tout ? Tu te démerdes... » Peut être qu’ils se contentaient de baiser des putes tous les soirs. Mais vous savez, chez les gendarmes - encore plus si ce sont des patriotes et des militants - on n’est pas à la recherche du luxe, on part en mission POUR LA FRANCE.

Qu’est ce qu’on ressent quand on transporte 500 000 Francs dans un sac de sport ?

C’est léger.

Tout de même, ça un côté un peu Sopranos, non ?

Ça ne me vexe pas, ce que vous dîtes : ma grand mère est napolitaine. Pour les ritals du sud, même de deuxième ou troisième génération comme moi, l’argent liquide c’est la norme.

Et vous n’étiez pas tenté de garder de l’argent pour vous ?

Pourquoi faire ? Penser à ce genre de choses, c’est mal comprendre le militantisme. A l’époque au RPR, face aux événements de Nouvelle Calédonie, soit on est patriote et on croit à la nation française. Et on croit que ce qu’on fait ensemble au sein d’un mouvement politique, ça a un sens. Soit on est dans une société sans loi.
Chez les militants, à part quelques vrais malfrats comme Schuller (Didier Schuller, ancien conseiller général des Hauts de Seine, NDLR) et Carignon (Alain Carignon, ancien maire de Grenoble, NDLR), je n’ai jamais rencontré que des gens fidèles. Et quand Chirac me donne 500 000 Francs pour que je les donne à quelqu’un, c’est la chaîne de confiance. Je dirais même, c’est la chaîne de l’espoir : on va gagner. On essaie d’aider ceux qui sur le terrain font tout pour garder la cohésion de la Nouvelle Calédonie pour la France.

Pourtant, ce genre d’actions souterraines était bien hors la loi...


A ce moment là, on considère que la Nouvelle Calédonie doit avant tout rester française, qu’il est primordial pour la France que le RPCR puisse lutter contre les partisans de l’indépendance et l’action d’Edgard Pisani, le chargé de mission auprès du Président Mitterrand, un ancien gaulliste illuminé, qui est en réalité pour l’autonomie de la Nouvelle Calédonie.

Comment pouviez vous agir au nom de la France alors que vous étiez dans l’opposition ?


Nous sommes la France puisque nous sommes le groupe RPR du Sénat. Bien sûr, je vous dis ça trente ans après. A l’époque, il aurait mieux valu que ça ne se sache point.

Donc, vous n’étiez pas au pouvoir. Et vous envoyez des militaires en mission en marge de l’action du gouvernement...


C’est beaucoup plus tordu que ça. Officiellement, Mitterrand disait qu’il fallait que la Nouvelle Calédonie reste française. Mais il laissait Christian Nucci (ancien Ministre de la Coopération et du Développement, NDLR), Henri Emmanuelli (Secrétaire d’Etat aux DOM-TOM jusqu’en 1983) et Pisani tenter de convaincre Jean-Marie Tjibaou et le FLNKS (Front de Libération Kanak et Socialiste) de faire sécession. Tout ça parce que quelqu’un avait fait croire à Mitterrand que c’était la même affaire que l’Algérie. Et qu’il fallait mieux lâcher tout de suite. Heureusement, Mitterrand était finalement beaucoup plus à droite que tous ces gens là. Je me demande même si les 500 000 francs que nous avons donné pour Dick Ukeiwé n’ont pas fini dans ses caisses...

Comment ça ?

En tant que Président socialiste, Mitterrand feignait d’être très hostile à la politique locale de Jacques Lafleur, le député milliardaire du RPR local. Et principal rempart contre l’indépendance avec Dick Ukeiwé. Mais trois ans plus tard – surprise – le même Lafleur que nous aidions financièrement - et pourtant Dieu sait qu’il n’a pas besoin d’argent – débarque incognito à Paris couché sur la banquette arrière d’une voiture, pour signer avec Rocard les accords Matignon, avec l’aide des francs-maçons, des pasteurs protestants, etc... Au passage, l’Etat lui rachète sa mine de nickel pour 10 milliards (d’anciens francs, NDLR).

Lafleur aurait donc redonné l’argent des toilettes de la Mairie de Paris au Président ?

Pourquoi pas ? Quelques mois après le coup de la chasse d’eau, Chirac a bien donné une somme quasi équivalente au FLNKS, les partisans de l’indépendance.

C’est à dire à vos propres ennemis ?

Rapidement, il s’avère que le véritable ennemi c’est Jacques Lafleur. L’explosion qui a lieu sur place vient moins d’un rejet de la France, que de celui de Lafleur qui est une sorte de milliardaire local qui fait chier tout le monde. Et au fond, que ce soit notre sénateur Dick Ukeiwé ou les indépendantistes, tout le monde semble nous dire la même chose : aidez nous à foutre Lafleur dehors.

Au fait, ces 500 000 francs ils venaient d’où ?

D’un peu partout, des casinos, du milieu, des faux monnayeurs, des militants aussi. Mais dans la circulation des biftons des années 80, la même personne pouvait donner à quatre personnes différentes - voire opposées - une somme équivalente. Certains donateurs étaient aussi généreux avec leurs amis que leurs ennemis, c’est pourquoi l’origine des fonds avait si peu d’importance.

Aujourd’hui, avec la loi sur la financement des Partis Politiques, Sarkozy ou Royal peuvent ils faire la même chose que vous en 1985 ?

Oui, je pense. Les candidats et leurs entourages proches sont très prudents. Mais les officines satellites c’est autre chose. Vous vous rendez compte de ce qui a été dépensé dans cette campagne ? A votre avis, qui a payé pour le cheval de Camargue du candidat Sarkozy pendant son rodéo à Saintes-Maries-de-la-Mer ? Qui va peigner les comptes de Jean-François Copé après la visite de Sarkozy à Meaux en Avril dernier, où pour encadrer 100 jeunes dans un gymnase, on convoque 350 CRS ?
Aujourd’hui, ce qui a vraiment changé dans le financement des partis politiques, c’est que les fonds secrets ne sont plus à Matignon mais à l’Elysée. Bon et après ? On ne peut pas tout régler en carte bleue. Regardez Chirac avec sa vieille 205 de 1984 (patrimoine du Président)... S’il n’avait pas les faux frais, il finirait par rouler en chameau.

Propos recueillis par Olivier Malnuit

Quand Chirac tirait la chasse... Mon-ami-de-trente-ans
Chirac mon ami de trente ans
Jean-François Probst
Editions Denoël



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