holocauste
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holocauste
Dix minutes avant l’arrivée de Thomas, la télé est tombée en panne. Quand il a sonné, j’ai ouvert avec appréhension. C’était la première fois depuis Myriam, mais je n’avais pas le choix, il fallait bien payer les factures et tout le reste. Il y aurait une chambre pour Kévin, là-bas, on pourrait aller à la plage, passer vraiment du temps ensemble, ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé.
Thomas avait l’air inquiet.
— Ton téléphone non plus ne marche pas ? Le portable, je veux dire. Il marche ? Il a demandé.
— Euh, je sais pas, pourquoi ? Entre, entre. Tu n’as pas l’air dans ton assiette.
— J’ai essayé de t’appeler, tu es sortie aujourd’hui ?
J’ai refermé la porte, le traditionnel baiser sur la bouche ne l’a pas tellement ému, ça lui coûtait pourtant quinze euros de plus. Il n’avait pas mis de parfum alors qu’il en mettait tout le temps.
— Tu veux boire quelque chose ? J’ai demandé.
— Tu n’es pas allée dehors ? Tu n’as pas vu ce qui se passe ?
— Tu veux un café ? Dehors, non, pourquoi ?
— T’as pas vu comment c’est dehors ? Depuis ce matin ? T’as pas vu le merdier ?
— Le merdier, non, quel merdier ?
Il a sorti son téléphone et regardé l’écran d’un air rageur.
— Pas de réseau, putain. Plus de réseau, personne, et c’est comme ça depuis ce matin. Et c’est pas tout, hein, y a tout qui déconne.
— Calme-toi, assieds-toi, je reviens.
— Oui, oui, pardon. Même la radio, tu te rends compte ? Même France-Inter !
Je suis allée préparer deux tasses. Je me suis allumé une clope, que j’ai fumée à moitié puis éteinte au robinet et jetée à la poubelle. Je me suis rincée la bouche avec un verre d’eau.
Pendant que la cafetière me vibrait aux oreilles, il continuait son monologue. Je n’entendais rien. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Je suis revenue avec les cafés et une assiette de gâteaux secs sur un plateau, autant faire les choses bien avec les clients réguliers. Et puis vu l’état dans lequel se trouvait celui-là, on allait passer plus de temps à causer qu’à s’envoyer en l’air. C’était à se demander à quoi on servait au juste.
Il était assis dans le canapé, un peu calmé, mais bien plus nerveux que d’habitude.
— J’ai rien entendu à cause de la machine, trésor, je lui ai dit.
J’ai déposé le plateau sur la table basse et me suis assise à côté de lui. J’ai posé la main sur sa cuisse. Je lui ai montré les billets.
— T’as vu ? Dans trois jours je suis en Italie. J’y suis jamais allée. C’est mes grands-parents, ils ont une baraque là-bas. Incroyable. Tu verrais les photos.
— En Italie ? Mais qu’est-ce que tu racontes, Olivia ? Comment est-ce que tu veux aller en Italie ? En train ? Mais y a plus rien qui marche, bordel !
Il m’a expliqué ce qui se passait dehors depuis ce matin. J’ai senti mon sourire tomber et ma figure se figer. J’ai vérifié mon portable. Pas de réseau. J’ai vérifié le reste. La télé ne marchait toujours pas. Internet non plus. Thomas a continué sa litanie. Les cafés ont refroidi sur la table, aussi inutiles que mes billets de train s’il disait vrai, et il disait vrai, évidemment. J’ai passé dix minutes à tenter de joindre le père de Kévin. Chez lui, au travail, sur tous les portables qui avaient un rapport avec lui, j’ai même essayé l’école de Kévin, tout ça en pure perte, et puis ma mère, et puis Sophie, et puis le téléphone fixe s’est mis à déconner. Une voix enregistrée a dit que les lignes étaient saturées. Je ne savais même pas que c’était possible.
Holocauste est disponible exclusivement en numérique sur toutes les plateformes de téléchargement.
http://numeriklire.net/2013/05/27/holocauste-par-christophe-siebert/
Thomas avait l’air inquiet.
— Ton téléphone non plus ne marche pas ? Le portable, je veux dire. Il marche ? Il a demandé.
— Euh, je sais pas, pourquoi ? Entre, entre. Tu n’as pas l’air dans ton assiette.
— J’ai essayé de t’appeler, tu es sortie aujourd’hui ?
J’ai refermé la porte, le traditionnel baiser sur la bouche ne l’a pas tellement ému, ça lui coûtait pourtant quinze euros de plus. Il n’avait pas mis de parfum alors qu’il en mettait tout le temps.
— Tu veux boire quelque chose ? J’ai demandé.
— Tu n’es pas allée dehors ? Tu n’as pas vu ce qui se passe ?
— Tu veux un café ? Dehors, non, pourquoi ?
— T’as pas vu comment c’est dehors ? Depuis ce matin ? T’as pas vu le merdier ?
— Le merdier, non, quel merdier ?
Il a sorti son téléphone et regardé l’écran d’un air rageur.
— Pas de réseau, putain. Plus de réseau, personne, et c’est comme ça depuis ce matin. Et c’est pas tout, hein, y a tout qui déconne.
— Calme-toi, assieds-toi, je reviens.
— Oui, oui, pardon. Même la radio, tu te rends compte ? Même France-Inter !
Je suis allée préparer deux tasses. Je me suis allumé une clope, que j’ai fumée à moitié puis éteinte au robinet et jetée à la poubelle. Je me suis rincée la bouche avec un verre d’eau.
Pendant que la cafetière me vibrait aux oreilles, il continuait son monologue. Je n’entendais rien. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Je suis revenue avec les cafés et une assiette de gâteaux secs sur un plateau, autant faire les choses bien avec les clients réguliers. Et puis vu l’état dans lequel se trouvait celui-là, on allait passer plus de temps à causer qu’à s’envoyer en l’air. C’était à se demander à quoi on servait au juste.
Il était assis dans le canapé, un peu calmé, mais bien plus nerveux que d’habitude.
— J’ai rien entendu à cause de la machine, trésor, je lui ai dit.
J’ai déposé le plateau sur la table basse et me suis assise à côté de lui. J’ai posé la main sur sa cuisse. Je lui ai montré les billets.
— T’as vu ? Dans trois jours je suis en Italie. J’y suis jamais allée. C’est mes grands-parents, ils ont une baraque là-bas. Incroyable. Tu verrais les photos.
— En Italie ? Mais qu’est-ce que tu racontes, Olivia ? Comment est-ce que tu veux aller en Italie ? En train ? Mais y a plus rien qui marche, bordel !
Il m’a expliqué ce qui se passait dehors depuis ce matin. J’ai senti mon sourire tomber et ma figure se figer. J’ai vérifié mon portable. Pas de réseau. J’ai vérifié le reste. La télé ne marchait toujours pas. Internet non plus. Thomas a continué sa litanie. Les cafés ont refroidi sur la table, aussi inutiles que mes billets de train s’il disait vrai, et il disait vrai, évidemment. J’ai passé dix minutes à tenter de joindre le père de Kévin. Chez lui, au travail, sur tous les portables qui avaient un rapport avec lui, j’ai même essayé l’école de Kévin, tout ça en pure perte, et puis ma mère, et puis Sophie, et puis le téléphone fixe s’est mis à déconner. Une voix enregistrée a dit que les lignes étaient saturées. Je ne savais même pas que c’était possible.
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konsstrukt- VI - Hubert Cumberdale
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